- pieuvre
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• 1866; mot norm.; lat. polypus1 ♦ Mollusque marin (céphalopodes) à la tête très développée entourée de bras (⇒ tentacule) munis de ventouses. ⇒ poulpe. Jet d'encre émis par une pieuvre.♢ Fig. Personne insatiable dans ses exigences, qui ne lâche jamais sa proie.2 ♦ Tendeur à plusieurs branches.Synonymes :- poulpepieuvren. f.d1./d Mollusque céphalopode (genre Octopus), au corps globuleux, aux huit tentacules munis de ventouses, disposés en couronne autour de l'orifice buccal, commun sur les côtes rocheuses. Syn. poulpe, (oc. Indien) ourite.d2./d Fig. Personne avide, qui ne lâche pas ce dont elle s'est emparée.— Pouvoir, entreprise qui étend insatiablement son emprise.⇒PIEUVRE, subst. fém.A. —HIST. NAT. Mollusque céphalopode marin pourvu de huit bras ou tentacules munis de ventouses qui vit dans le creux des rochers près des côtes. Synon. poulpe. Le crabe se nourrit de charogne, la pieuvre se nourrit de crabes. La pieuvre arrête au passage un animal nageant, une loutre, un chien, un homme si elle peut, boit le sang, et laisse au fond de l'eau le corps mort (HUGO, Travaill. mer, 1866, p.384). Les architectes portugais demandaient déjà aux grands marins qui colonisaient l'Afrique et l'Inde, de leur dire comment les Indiens décoraient leurs temples, et de leur rapporter de leurs voyages, pour les assembler aux floraisons dernières de l'art mauresque et de l'art ogival, des carènes, des ancres, des câbles, la flore et la faune des mers, des algues, des pieuvres, des madrépores, des coraux, des coquillages (FAURE, Hist. art, 1912, p.312):• 1. Il lança sa fouine, et, quand il la releva, je vis, enveloppant les dents de la fourchette (...) une sorte de grande loque de chair rouge qui palpitait, remuait, enroulant et déroulant de longues et molles et fortes lanières couvertes de suçoirs autour du manche du trident. C'était une pieuvre.MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Soir, 1889, p.1133.— P. métaph. ou p. compar. [Le mot pieuvre appliqué à tout ce qui enlace, paralyse, emprisonne] Quand j'aurai fourré dans ma cervelle le nom et la figure de deux ou trois mille espèces imperceptibles, je serai bien avancée, n'est-ce pas? Eh bien, ces études-là sont de véritables pieuvres qui vous enlacent et qui vous ouvrent je ne sais quel infini (SAND, Corresp., t.5, 1867, p.193). C'est ici, hélas! à Rangoun, que la grande pieuvre appelée «Civilisation d'Occident» est venue appliquer sa principale ventouse pour tirer à soi les richesses et les forces vives de la Birmanie (LOTI, Chât. Belle-au-bois-dorm., 1910, p.271):• 2. Sa jalousie, comme une pieuvre qui jette une première, puis une seconde, puis une troisième amarre, s'attacha solidement à ce moment de cinq heures du soir, puis à un autre, puis à un autre encore.PROUST, Swann, 1913, p.283.B. —P. anal.1. Personne tenace, insatiable qui, dans ses exigences, ne lâche pas sa proie. À propos de commission, que fait la commission dramatique? La pieuvre Bagier nous suce bien paisiblement, ce me semble (HUGO, Corresp., 1866, p.570).2. Femme entretenue qui ruine son protecteur. Ce furent d'abord des Lorettes (...). Nous en sommes, aujourd'hui aux Trichines et aux Pieuvres (P. VÉRON, La Mythologie paris., 1867, p.65 ds QUEM. DDL t.21).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. 1866 (HUGO, Travaill. mer, p.370); 2. 1866, 18 avr. «personne insatiable» (Événement ds LARCH. 1872, p.196). Mot normand (cf. puerve «poulpe; femme méprisable», DUM. 1849 et DU BOIS, TRAVERS, Gloss. du pat. norm., Caen, A. Hardel, 1856), du lat. polypus «poulpe» (cf. FEW t.9, p.140a). Fréq. abs. littér.: 132. Bbg. KLEIN (J. R.). Le Vocab. des moeurs de la «Vie parisienne» sous le Second Empire. Louvain, 1976, p.93. — QUEM. DDL t.21, 27. — VIDOS 1939, p.430, 513.
pieuvre [pjœvʀ] n. f.ÉTYM. 1866, Hugo, qui a popularisé en français ce mot du parler des îles anglo-normandes; du lat. polypus, par les interm. puelve, pueuve, pieuve, comme pour yeux.❖1 Poulpe commun, surtout lorsqu'il est de grande taille. || Bras, tentacules, ventouses de la pieuvre.0 Une forme grisâtre oscille dans l'eau, c'est gros comme le bras, et long d'une demi-aune environ; c'est un chiffon; cette forme ressemble à un parapluie fermé qui n'aurait pas de manche. Cette loque avance vers vous peu à peu. Soudain, elle s'ouvre, huit rayons s'écartent brusquement autour d'une face qui a deux yeux; ces rayons vivent (…) c'est une sorte de roue; déployée, elle a quatre ou cinq pieds de diamètre (…) Ce monstre est celui que les marins appellent poulpe, que la science appelle céphalopode (…) Dans les îles de la Manche on le nomme la pieuvre.Hugo, les Travailleurs de la mer, II, IV, II.2 (1867, « femme entretenue, courtisane », in D. D. L.). Fig. || C'est une vraie pieuvre, une personne (particult, une femme) insatiable, qui ruine par ses exigences et ne lâche jamais sa proie.♦ Par métaphore. Pouvoir, entreprise qui absorbe ou détruit tous ses concurrents.
Encyclopédie Universelle. 2012.